
Yozora, une étoile dans ce ciel nocturne
Yozora, ou ciel nocturne en japonais, c’est une adresse féline et raffinée que j’ai récemment découverte à Metz. Curieux comme un chat devant une boîte de sashimis, je feuillette leur carte... et là, mes moustaches frémissent : menus inspirés du Japon, en 12 ou 16 services ! (Menu Ikebana – 12 services – 95€ / Grand Yozora – 16 services – 135€). Le chef Charles Coulombeau semble nous proposer un véritable voyage culinaire à travers les étoiles – celles du ciel, et peut-être même celles du Guide Michelin...
Je réserve donc pour la Saint-Valentin, tout miaou tout ronron, mais ce soir-là, patte de velours : un menu spécial en 6 services à 195€. Un peu frustré de ne pas pouvoir découvrir le menu habituel… mais ma curiosité féline reste intacte.
🐾 À noter : après notre passage, le restaurant a décroché sa première étoile Michelin fin mars — un exploit, moins d’un an après l’ouverture !
Un cocon perché au Centre Pompidou
Le restaurant est niché au premier étage du Centre Pompidou. On prend un ascenseur feutré et hop, on entre dans un décor épuré, lumineux, zen et élégant. Une ambiance japonisante douce comme un coussin moelleux, bercée par une musique d’ambiance délicate.
Deux salles accueillent les petits gourmets : nous sommes dans celle du fond, qui donne sur la terrasse du musée et offre une jolie vue sur l’architecture onirique de Shigeru Ban. Dommage cependant : les grandes fenêtres laissent passer un petit courant d’air frisquet, et on grelotte un peu comme un chat d’appartement oublié sur le balcon...
Détente et premières notes parfumées
Comme dans les plus belles maisons japonaises, on nous propose une serviette chaude pour les mains, délicatement parfumée à l’huile essentielle de girofle. Un petit geste, simple mais tellement apaisant. Mon petit museau s’en souvient encore.
Puis arrive notre cocktail “Automne” : un mélange de rhum, jus de grenade, sirop maison, citron et bulles. C’est doux, parfumé, légèrement épicé... comme une balade en forêt dans les feuilles mortes avec un plaid sur le dos. Miaou-rveilleux début !
L'éveil des moustaches
Les premières bouchées arrivent comme de petits bijoux déposés dans l’assiette. Trois mini-tartelettes, fines et délicates, presque trop jolies pour être croquées... mais le chaton gourmand ne résiste jamais très longtemps :
- Une sphère d’aubergine sur une tuile noire à l’encre de seiche, avec une touche de miso (pâte de soja fermentée). C’est croustillant, fondant, avec des notes profondes d’umami… un vrai petit câlin salé.
- Une tartelette verte aux herbes, garnie d’une purée de pleurotes et cèpes, surmontée d’un petit nuage de foie gras. Une bouchée boisée, biscuitée, à la fois croquante et soyeuse... comme marcher sur un lit de feuilles d’automne en velours.
- Une mini-brioche accueillant une fine tranche de boeuf wagyu et des perles de caviar. Le moelleux rencontre l’iode, la tendresse fond sous la langue… et le ronron se fait entendre.
Un démarrage en douceur et en élégance, comme un petit museau qui renifle les promesses d’un grand festin.
Beurre & pain – Les plaisirs simples du chat épicurien
On nous ramène le beurre (sans couteau à beurre ?). Fait maison, c'est un duo de beurre à la rose tout doux, tendre, léger, à l'arôme sucré. Et il est aussi magnifiquement moulé. Le pain, quant à lui, n’a rien d’exceptionnel au premier regard, mais révèle un bon croustillant et une jolie saveur toastée. Comme quoi, l’habit ne fait pas le matou !
Le début du voyage
On poursuit avec un carpaccio de Saint-Jacques caché sous une délicate gelée de Champagne, escortée d’un jus au sureau et de petites touches de chou-fleur. C’est coloré, élégant, vif. Un œuf vient lier le tout, apportant une rondeur gourmande, et les billes soufflées apportent un petit croustillant malicieux. C’est fin, c’est équilibré, c’est... miaou-gnifique.
Le deuxième plat et est foie gras servi avec de l'artichaut et sous une tombée de katuobushi (bonite séchée). Un duo de jus vert et au mirin vient napper le tout : l'artichaut et bien tendre, le foie gras enveloppe le plat et le palais, et cette tendresse est balancée par les croutons de pain. Une petite note de goût marin japonais s'échappe du plat. C'est une bonne manière de servir un foie gras de manièer originale, bien que la puissance du foie gras cache un peu le reste.
La barbue arrive, prorpe sur elle, bien nacrée, surmontée de mangue et accompagnée d'un potimarron rôti. C'est peut-être un peu plus classique, mais qu'est-ce que c'est bon ! Cuisson parfaite sur le poisson, le beurre blanc à la carotte vient enrober tout ça, et le caviar qui vient balancer le gras de la sauce. Miam et miaou !
Le quatrième plat est un pigeon, une viande que j'apprécie moyennement, recouvert ici avec truffe, sauce au fenouil et des petites algues nori. La sauce est assez forte, c'est comme si elle sentait le Pastis, et les saveurs anisées ne sont pas ma pâtée. Mais faisons fi de cela, car le pigeon est délicieusement cuit, j'aurais presque envie de l'appeler un pulled pigeon tellement il est fondant (en référence à l'éffiloché de porc) et rosé à l'intérieur. Belle cuisson. Ca reste une viande assez forte, et avec la sauce anis, je suis moyennement satisfait mais c'est un bon plat.
Un trou normand arrive ensuite avec du teurgoule (une spécialité de Normandie qui ressemble à un riz au lait) une glace pomme, des épices togarashi (un mélange épicé japonais). C’est rond, frais, et ça fond agréablement en bouche, parfait pour relâcher la tension de quelques plats gourmands déjà dégustés.
On termine par un dessert au chocolat et une douce glace au jasmin, avec une sauce anglaise façon île flottante et des petits tubes de meringue recouvrant le tout. L’amertume fine du chocolat se mêle au parfum enivrant du jasmin et se fait adoucir par la sauce, créant ainsi un équilibre parfait qui fait ronronner même les papilles les plus exigeantes.
L'attente finale – Petits ronrons impatients
Tout le service du menu s’est déroulé de manière étonnamment fluide, sans précipitation, ce qui a été apprécié. Par contre, une fois le festin terminé, la proposition de café et des miniardises s’est fait attendre, dans une ambiance légèrement fraîche, obligeant à deux reprises à interpeller le service pour relancer. Un petit bémol pour un dîner qui était pourtant tout en douceur...
Conclusion, miaou ou pas miaou ?
Un avis un peu biaisé sur ce menu spécial Saint-Valentin, qui s’écarte des 12 ou 16 services que je serai curieux de tester lors d’une prochaine visite ! Niché joliment dans le Centre Pompidou de Metz, l’établissement souffre parfois d’une ambiance un peu froide malgré un décor épuré et élégant. Le chef, clairement talentueux, nous a servi des plats maîtrisés et savoureux, même si les goûts restent subjectifs – certains ronronneront, d’autres non.
A noter que l'accord mets-vins (50€/p) était bien mais ne nous a pas enflammé, dont un service moyen où on ne nous fait pas goûter au cas où on n'apprécierait pas, et les vins étaient parfois servis en avance avec 4 verres sur la table.. étrange. A noter que le menu commençait avec un original saké pétillant.
Une proposition nouvellement arrivée sur Metz, japonisante et d'un chef talentueux. Les plats sont délicieux avec quelques bémols sur l'atmosphère et le service. Et une étoile décrochée depuis notre passage, pas si mal !